Microsoft a annoncé fin 2009/début 2010 la sortie au 2ème semestre 2010 des premiers terminaux Windows Phone 7 : leur nouvel OS mobile. Une des mes connaissances Dominique Siacci, gérant de la société DuoApps, m’a fait par ses retours sur cet environnement.
Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Dominique Siacci : je m’appelle Dominique Siacci, 21 ans, j’ai créé DuoApps avec mon associé au début de l’année 2009 à la fin de mes études. Nous développons des applications mobiles sur iPhone, iPad, Android et Windows Phone. La structure a un peu évolué entre temps (nous sommes désormais 4 dans l’équipe), et j’assure aujourd’hui seul la gestion de l’entreprise.
Mon profil est plutôt un profil technique (je suis développeur web à l’origine) et j’ai beaucoup développé sur iOS, notamment au démarrage de notre entreprise.
Plus loin dans cette interview, j’ai sollicité Christelle Thiry, qui est en charge des développements Android et Windows Phone 7 chez DuoApps afin qu’elle puisse apporter un point de vue plus technique que le mien.
Tu travailles depuis 2 ans maintenant sur iOS, qu’est ce qui t’a séduit dans ce langage ?
DS : Incontestablement, iOS, l’Objective-C, le framework Cocoa Touch, et par extension la procédure de validation des applications par Apple, imposent une certaine rigueur qui me semble saine. Au départ, j’avoue avoir été complètement désorienté, notamment à cause des problématiques à résoudre qui sont complètement différentes du développement web. La syntaxe d’Objective-C, qui est un langage très verbeux, est aussi déstabilisante, mais au final, il s’avère beaucoup plus logique à utiliser que n’importe quel autre langage.
Ce qui est plus plus attirant dans cette technologie est sans conteste iOS lui même, et plus généralement les terminaux (iPhone, iPad, etc.) qui ouvrent des possibilités extraordinaires dans la conception d’applications.
Windows Phone 7 est sorti depuis peu. Tu as réalisé une première application. Que penses-tu de ce nouvel environnement ?
DS : Très honnêtement, Windows Phone 7 me semble être le premier OS à pouvoir réellement prétendre faire concurrence à iOS. C’est pour cela que nous avons fait le choix de former quelqu’un à cette technologie. C’était une sorte de pari, car à l’époque où nous avons débuté le développement (c’est à dire cet été), nous n’avions pas eu l’occasion de tester un device en réel. Cela dit, nos impressions se sont confirmées très vite, lorsque nous avons pu disposer d’un téléphone prêté par Microsoft.
Sur le modèle de distribution, WP7 est davantage comparable à Android qu’à iOS, avec une offre de devices élargie. Microsoft a d’ailleurs fait un très bon choix en imposant des spécifications très strictes aux constructeurs, ce qui permettra peut-être d’éviter l’hétérogénéité calamiteuse d’Android. Sur tous ces points (qualité des devices, qualité de l’ergonomie du système, qualité des outils de développement), Windows Phone surpasse largement Android.
Nous avons commencé par développer l’application de l’hebdomadaire Marianne, ce qui lui a permis d’être parmi les deux premiers titres de presse français (avec Le Figaro) présents lors du lancement de la plate-forme. L’équipe web de Marianne est très dynamique, et il est très appréciable de travailler avec des gens conscients des enjeux du mobile.
Plus précisément que est ton avis les outils de développements et du langage ?
DS : J’avoue ne pas avoir développé moi-même l’application de Marianne, il s’agit de notre développeuse Android, qui a consacré un peu plus de deux mois à se former sur cette nouvelle plate-forme. Cependant, j’ai suivi d’assez près le développement, et je dois dire que les outils me semblent très bien conçus. Microsoft a clairement fait de gros efforts. De plus, Silverlight est un framework qui a fait ses preuves, et qui présente une communauté assez importante – ce qui n’était de fait pas le cas d’iOS à sa sortie.
Christelle Thiry : Les outils ainsi que le langage sont très stables. Cet environnement de développement était déjà très utilisé avant la sortie de WP7.
Le framework Siverlight est vraiment bien pensé, ce qui, je trouve, permet une programmation très intuitive.
Est-ce comparable à iOS ?
DS : On sent clairement qu’il reste du chemin à parcourir à Microsoft avant d’atteindre le niveau d’iOS. Cependant, il y a tout de même près de quatre ans et quatre versions d’écart entre les deux systèmes. Mais je pense sincèrement que la comparaison n’a pas à se faire avec iOS, plutôt avec Android. iOS et WP7 ont vocation à perdurer tous les deux, dans une complémentarité assez bonne. Ce sont deux approches ergonomiques réellement différentes, deux approches de commercialisation différentes…
Personnellement je fais confiance à Microsoft pour faire évoluer son système dans le bon sens, en ne commettant pas les mêmes erreurs que Google. A mes yeux, Android est un casse-tête pour les développeurs. Il y a aujourd’hui 4 versions de l’OS qui cohabitent, ce qui nous empêche clairement de pouvoir franchir un pas fonctionnel. On est de fait obligés d’assurer la rétro-compatibilité de nos applications ce qui est assez contrariant…
CB : A mon sens, les outils de développement WP7 peuvent facilement être comparés à ceux d’iOS dans la mesure où ils facilitent vraiment le développement, ce qui n’est pas le cas du SDK Android. En revanche, au niveau du fonctionnement de l’OS, WP7 est beaucoup plus semblable à Android. Je parle surtout du cycle de vie d’une application. Bien sûr, au niveau de l’OS, il manque encore quelques fonctionnalités clefs pour rattraper iOS et Android (comme le multi-tâches).
Pour moi il n’y a pas de comparaison possible au niveau du développement en lui-même entre WP7 et Android. La programmation Android est très contraignante, et je ne parle même pas de la partie test et débugage de l’application avant la publication. En effet, il est impossible de tester une application sur tous les types de devices existants, que ce soit au niveau physique ou au niveau logiciel. En revanche, la publication immédiate sur l’Android Market (sans passer par un processus de certification) est vraiment très pratique du point de vue du développeur… Sur ce point, Microsoft a opté pour le même modèle qu’Apple.
(NDLR : Christelle n’a jamais développé sous iOS, mais elle a une bonne année d’expérience sur Android)
Qu’en est-il de l’intégration graphique ? Est-ce comparable à l’Interface Builder pour iOS ou à l’intégration plus laborieuse sous Android ?
CT : N’ayant jamais développé pour iOS, je ne pourrais dire si l’intégration graphique est comparable à Interface Builder. En revanche, je peux dire qu’elle est beaucoup plus aisée que sur Android, grâce notamment à l’outil Expression Blend.
De plus les éléments graphiques du framework WP7 sont plus aboutis, Google n’ayant pas du tout joué sur l’esthétique pour son système. Le problème, ou l’avantage, avec Android c’est que même au niveau de l’intégration graphique c’est totalement libre, ce qui donne une multitude de styles graphiques pour les applications, donc beaucoup d’hétérogénéité.
Et encore une fois le gros point noir de l’intégration graphique pour Android c’est le parc très large de modèles de devices (taille et résolution d’écran, clavier physique ou pas…). Microsoft étant beaucoup plus restrictif sur ce plan l’intégration graphique est plus simple et beaucoup plus gratifiante pour le développeur.
Merci à tous les deux.